Trail du Grand Vignemale 2018 : quand le mythe devient réalité

course sur le sentier après le lac de gaube

Trail du Grand Vignemale 2018 : quand le mythe devient réalité

17 janvier 2018, c’est fait, je suis enfin inscrit au trail du Grand Vignemale. Je sais à cet instant que je vais enfin pouvoir prendre le départ de cette course le 7 juillet 2018.
Depuis que je me suis vraiment mis au trail en 2015 et plus spécifiquement au skyrunning, j’avais en tête cette course du Vignemale. Chaque année je scrutais pour voir si cette course allait être programmée, et lorsque en 2017 l’annonce est tombée, j’étais dans les starting blocks pour l’inscription afin d’être certain d’avoir un dossard.

Des trails, des courses de montagne, il y en a maintenant partout, tout le temps, pour tous les goûts. Alors au moment de faire les choix pour sa saison qui approche, on peut se pencher sur des critères objectifs comme la distance, le dénivelé, l’éloignement de chez soi, la date ou des critères plus subjectifs comme le paysage, la renommée, les pubs que l’on pu voir, les avis d’autres coureurs… Mais il y a quelques courses, comme celle du trail du Grand Vignemale, où rien de tous les critères vus au-dessus ne comptent, car simplement son mythe et sa rareté suffisent à elle-même.

vue sur le massif du vignemale
Vue depuis les oulettes de Gaube ©photo Romain Le Pemp

Cette course a été créée en 1904 afin que les guides de Cauterets et ceux de Gavarnie s’affrontent dans une course de montagne. Le but était simple, partir de Cauterets pour monter au Vignemale en passant par le lac de Gaube, les oulettes d’Ossoue, le glacier, atteindre le sommet à 3298 mètres et redescendre par le lac d’Estom jusqu’à Cauterets.  Plus de 100 ans plus tard, le tracé est le même.

carte du trail du grand vignemale
Parcours historique ©club athlétique du Vignemale

Mais cette course du Vignemale n’a été faite qu’en 1904 et 1906, avant de réapparaitre en 1987 sous le nom de Trophée du Grand Vignemale. Puis une autre pause a été faite jusqu’en 2013. L’édition 2018, baptisée trail du Grand Vignemale, était seulement la 8èmeédition de cette course mythique !

Une vraie course de montagne

Ne vous y trompez pas, ce n’est pas parce que cette année le nom de cette course a été rebaptisé « Trail du Grand Vignemale » qu’il faut associer cet évènement à un banal trail ! Non, il s’agit d’une vraie course de montagne.

  • 2800 m de dénivelé positif
  • 43 km
  • Un long passage sur le glacier d’Ossoue à la montée et à la descente
  • Altitude maximale atteinte : 3298m
  • Ascension du plus haut sommet des Pyrénées françaises
  • Longues portions de sentiers techniques
  • Les 200 derniers mètres de dénivelés entre le glacier et le sommet se font à la verticale en posant les mains ou en s’aidant des cordes fixes posées par les guides (encordement obligatoire)
longe de sécurité
Longe obligatoire ©photo Romain Le Pemp
atelier sécurité course du vignemale
Atelier sécurité ©photo Romain Le Pemp

Le trail du Grand Vignemale : un parcours sublime

Les premiers kilomètres se font sur la route pour atteindre le site du pont d’Espagne, mais cela donne déjà l’occasion de voir les énormes cascades et la force de l’eau qui se dégage. Un conseil, ne commencez pas à marcher ici, au contraire avancez !!

Une fois que l’on franchit le parking du Pont d’Espagne, les choses sérieuses commencent. Finie la route montant tranquillement, place à la montée vers le lac de Gaube ! C’est l’un des plus célébre lac des pyrénées, où je vous déconseille fortement d’y aller l’été en pleine journée si vous n’êtes pas fan du monde !! A 7h30 du matin on y était assez tranquille.

Le lac marque le début de la remontée de la chouette vallée du même nom pour aller jusqu’au refuge des Oulettes de Gaube par un beau sentier. Passé ce refuge on sort de la montagne à vaches pour monter en zig zag jusqu’à la Hourquette d’Ossoue puis le refuge de Baycelance.

vue aérienne de la hoquette d'ossoue
Hourquette d'Ossoue ©photo Mathieu Pinaud

Une rapide descente permet d’aller chercher le pied du glacier. Bon ok, ça c’était avant, car le dérèglement climatique passant par-là, on attaque le glacier beaucoup plus haut maintenant. En gros c’est une espèce de mur que tu as en face de toi.

sur la course avant le glacier d'ossoue
Le glacier est au dessus ©photo Romain Le Pemp

Une fois ce mur passé, on arrive sur le glacier d’Ossoue que l’on va remonter presque dans sa totalité pour venir chercher la dalle de pierre et de cailloux amenant au sommet. Conseil, dans les cordes fixes, pour ne pas perdre trop de temps, passer d’une corde à l’autre pour éviter de rester derrières des personnes qui galèrent.

Le sommet offre une superbe vue à 360°, top !!

La descente suit le même itinéraire jusqu’au refuge de Baycelance. L’avantage d’avoir fait la montée sur la neige, c’est qu’en descente si vous n’êtes pas frileux, la technique du toboggan passe bien. Si vous êtes skieur, la descente plus technqiue du ski avec les pieds passe aussi.

Après Baycelance, direction le col du Labas, offrant une belle vue sur la vallée d’Ossoue en contrebas. Ce col permet de basculer dans la vallée du Lutour et son lac d’Estom. Toute cette vallée est à descendre jusqu’à la fruitière (départ de nombreuses randonnées). La fin du parcours du trail du Grand Vignemale serpente en forêt à flan de montagne pour arriver par le dessus de Cauterets.

Les grottes Russell

Petite anecdote. Si vous vous rendez sur le glacier d’Ossoue lors du trail du Grand Vignemale ou lors d’une sortie alpinisme, vous apercevrez au fond 3 petites grottes en pleine face rocheuse. Non les extraterrestres ni sont pour rien, il s’agit des Grottes Russell, du nom de cet alpiniste pyrénéen (un pyrénéiste quoi) qui fit creuser ces 3 grottes dans les années 1880 pour pouvoir passer des nuits en montagne à 3200 m d’altitude. Chacune a un nom,  la « villa russel », la “grotte des guides” et la “grotte des Dames”.  Puis voyant que le glacier menaçait ses grottes, il en fit construire 3 autres plus basses à 2400 m d’altitude sur le chemin menant au glacier depuis la hourquette d’ossue, les “grottes Bellevue”.

Aimant quand même dormir en altitude et ayant surement des amis dans le BTP, il décida d’en faire creuser une septième, la “grotte du Paradis”, quelques mètres sous le sommet à 3280 m d’altitude.

Quand on voit ces trois premières grottes suspendues à mi-paroie et que l’on se dit qu’avant le glacier y arrivait, voir les recouvrait, on prend conscience de la fonte du glacier d’Ossoue.

trail sur glacier d'ossoue
Au fond à gauche, les 3 grottes Russell; dans les nuages le sommet ©photo Romain Le Pemp

3298 m…. presque 3300 m

Autre anecdote. Souvent au sommet d’une montagne est posé une croix, une vierge, une borne géographique, un tas de cailloux etc.. Mais le sommet du Vignemale est matérialisé par une espèce de colonne assez moche en béton, qui ressemble plus à un pilier de parking souterrain qu’autre chose. Encore une fois, cela vient de notre alpiniste du BTP, Russell, qui trouvait dommage que le Vignemale qui culmine à 3298 m d’altitude n’atteigne pas les 3300 m. Du coup, il fit poser une colonne de 3 mètres pour élever artificiellement le sommet. Simple, mais il fallait oser. Heureusement qu’il n’a pas eu comme idée de donner aux Pyrénées son premier sommet de 4000 mètres …

photo au sommet durant la course du vignemale
Au sommet 3298m ©photo Romain Le Pemp

Bref résumé de la course

  • Le premier boucle l’épreuve en 4h54 (le record date de 1991 en 4h25)
  • Mon temps : 7h34
  • Mon Strava
  • Mon classement : 152 ème / 355 arrivants / 580 partants.

Le delta entre partant et arrivant est dû au fait que pas mal de coureurs n’ont pas franchi les barrières horaires dans les temps, notamment à cause d’embouteillages dans les cordes fixes avant la hourquette d’Ossoue (mises en place car il restait beaucoup de neige). Il fallait moins trainer sur la partie basse 😉 …

Des félicitations et un coup de gueule

Je vais commencer par mon coup de gueule, comme ça je terminerai par les félicitations !!

Je pense que vous l’aurez compris en lisant cet article, la course, le trophée  ou le trail du Grand Vignemale (peu importe son nom) est une course de montagne, technique, engagée. J’ai été surpris de voir que certains ont touché une corde pour la première fois durant la couse, que d’autres n’avaient jamais mis les pieds sur glacier et que qu’autres encore étaient tétanisés dès qu’il s’agissait de poser les mains losqu’il y avait un peu de gaz pour les 200 derniers mètres de dénivelés.

Aux traileurs qui n’ont jamais mis les pieds en haute montagne et qui prennent le départ de cette course : « Allo, ce n’est pas parce qu’il y a écrit trail qu’il faut s’inscrire les yeux fermés sans regarder dans quoi on s’engage !! »

vue du glacier d'ossoue
Le glacier d'Ossoue ©photo Romain Le Pemp

UN GRAND BRAVO aux organisateurs du Club Athlétique du Vignemale, à tous les bénévoles, les guides de hautes-montagne et le public. Il faut en avoir (de la volonté) pour organiser une course en haute-montagne avec passage sur glacier. Vous auriez pu dire, on change le tracé à cause de la neige, on oblige les crampons (qui étaient inutiles ce jour-là), etc etc… Vous avez maintenu le tracé originel tout en garantissant la sécurité, vous avez su faire en sorte que tout se passe bien et dans la bonne humeur.

Honnêtement, sur la partie sommitale entre le glacier et le sommet, je m’attendais à trouver des embouteillages en mode sortie de bureau à 17h sur le périphérique parisien un jour pluvieux de grève RER, mais tout a été assez fluide..

dernière portion
Entre le glacier et le sommet ©photo Romain Le Pemp

Prochaine édition du trail du Grand Vignemale ??

Le Vignemale ce n’est pas une course que tu peux revenir faire l’année suivante si t’es passé à côté celle d’avant parce que tu n’a pas pu t’inscrire ou que le jour J tu n’étais pas en canne. Cette rareté fait le mythe! Il va falloir patienter pour savoir si elle est reconduite l’année prochaine et si ce n’est pas le cas, attendre encore l’année suivante et ainsi de suite..

 

Pour ma part c’est sans hésiter une course que je reviendrai faire.

finisher de la course
Superbe course, à la prochaine fois ©photo Romain Le Pemp

Si vous avez des questions, des remarques, des félicitations à faire passer, n’hésitez pas à les laisser en commentaire !

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